Projet de cartographie du Tibet


De nos jours, peu de gens s'amusent à réaliser des cartes, à l'exception de cartes thématiques qui échappent au champ des cartographes. Qui oserait faire concurrence aux institutions gouvernementales ou privées spécialisées dans la cartographie.
Le cas du Tibet est spécial et ma démarche semble isolée. Ce pays, jadis fermé aux occidentaux, était très mal connu, y compris par les tibétains eux-mêmes qui ne disposaient d'aucune carte digne de ce nom. De plus, la mise en place d'une tutelle communiste chinoise n'a fait qu'éteindre les sources d'informations dont nous pouvions disposer. Ce pays, grand comme 4 fois la France ou le quart de la Chine (Fig 1), comprend d'immenses hauts-plateaux peuplés de nomades vivant hors de notre civilisation, mais aussi de bourgades où de nouveaux immigrants chinois se sont installés et cherchent à imposer leur style de vie. Le Tibet est dispersé dans cinq provinces autonomes de la République Chinoises et les tibétains sont en minorité dans quatre d'entre-elles.


Pour la Chine, le Tibet est réduite à la Région Autonome du Tibet (RAT), alors que pour le reste du monde, on sous-entend la région peuplée en majorité par des populations de même culture, de même religion et parlant le tibétain. Il faut noter que l'État tibétain sous l'autorité de XIIIème Dalaï-lama, avant 1959, se situait à mi-chemin de ces deux propositions.
Nous disposons d'une abondante littérature sur le Tibet. Dans celle-ci, plusieurs dizaines de milliers de toponymes sont cités, mais aucune carte sérieuse ne permet de les localiser. Si on dit que plus de 2000 monastères et lieux-saints ont été détruits par les Gardes Rouges dans la décennie 1970-1980, personne ne peut en fournir la liste, ni les localiser sur une carte. On attend toujours qu'un tibétologue rédige une liste et une description des lieux-saints du Tibet. Actuellement, au Tibet même, les Chinois font tout leur possible pour effacer, dans l'éducation de la jeunesse, les traces de leur passé, notamment celles de leur patrimoine religieux et historique. Ils construisent partout de nouveaux villages qui ressemblent plus à des camps militaires avec leurs hangars et leurs baraquements qu'à de véritables villages. Un immense travail de conservation du patrimoine tibétain s'impose donc. Si au niveau de la religion et de l'histoire, les tibétologues disposent de nombreuses sources, il n'en est pas de même en géographie. La réalisation d'une cartographie du Tibet entre bien dans le cadre de la conservation de la mémoire collective du peuple tibétain.
Pour s'engager dans cette voie, il faut une certaine expérience. Après avoir suivi des cours de tibétain classique, je m'engageai dans la Géographie de la Haute-Asie en 1967 pour me rendre compte assez rapidement du manque de sources d'informations et de cartes.
Lorsque, en 1969, je reçus du St Goddard Flying Center de la NASA les premiers clichés de l'espace concernant le Tibet, je conçus tout l'intérêt de ces clichés pour réaliser des cartes qui donneraient enfin le relief exact de ce pays, ce que n'avaient pu réaliser les voyageurs du passé quels que soient leurs mérites. Avec les premiers clichés du Tibet prises par Cooper, je fis une recherche sur la région des sources du Yangtse dont le résultat fut publié dans le magazine de la Royal Geographical Society (Fig 2). Ensuite, je réussis à mettre au point une méthode sélective des informations chromatiques (par équi-densités) en utilisant une nouvelle pellicule mise au point par Agfa dans le cadre de la recherche sur le cancer.


Yangtse headwaters

Ce procédé permettait de mettre en évidence les surfaces humides, la végétation et l'orographie (Fig 3). Toutefois, il n'eut pas de suite en cartographie spatiale avec la mise en place de caméras à spectres multiples dans les satellites Landsat, qui permettaient d'obtenir un résultat sensiblement identique. Enfin lorsque j'entrepris de dessiner des cartes sur papier, je compris vite que je ne pourrais jamais mener à bien ce travail, compte tenu des moyens limités que j'utilisai. Pour cela, il aurait fallu former une équipe de plusieurs personnes sur une longue durée. Ces raisons, et quelques autres, me conduisirent à abandonner ce projet.


Il y a cinq ans, je pris conscience que la montée en puissance des ordinateurs était arrivée à un niveau suffisant pour me permettre de reprendre le travail abandonné. J'y étais encouragé par le fait qu'aucune carte récente et satisfaisante du Tibet n'avait été publiée.
1- les cartes éxistantes
En effet, les cartes les plus récentes réalisées à partir de l'imagerie Landsat sont
- la Carte Aéronautique Internationale TPC au 1/500 000ème, qui est seule source de référence crédible actuellement pour des références en longitude et latitude. Sur cette carte, si le tracé des rivières est bien identifié, il n'en est pas de même des reliefs, des vallées, des routes et des toponymes où la plus grande approximation règne.
- une copie de la carte chinoise de la Région Autonome du Tibet ré-éditée à Londres par T.I.N.* où on trouve de nombreux toponymes tibétains nouveaux, non mentionnés par les voyageurs occidentaux et donc apparemment douteux. Les rivières et les limites des nouveaux districts sont dessinées, mais le relief est absent et l'emplacement des villages est très approximatif. Tout reste donc à faire.
2- Préparation du projet.
Je disposais déjà de la documentation nécessaire et de nombreux clichés de la NASA. En effet pour ne pas tomber dans des difficultés de réalisation insurmontables, je pris la décision de transposer directement l'image satellite en fond de carte. Après avoir reçu des encouragements et quelques conseils qui devaient se révéler fructueux, de la part de M.Reynouard et M.Nonin de l'ISTAR à Sophia Antipolis, le travail put commencer. Les débuts furent encourageants et je persistais dans cette voie.
Au début, la chance aidant, je ne devais rencontrer aucune difficulté avec de l'assemblage des deux premiers clichés qui me servaient de fond de carte. Lorsque je voulus aller au-delà, je devais rencontrer les plus grandes difficultés à assembler les clichés convenablement.
Les différentes étapes qui résument ces difficultés sont indiquées ci-dessous.
Ce travail comprend trois phases. La première avec la réalisation d'un fond de carte issu de photos satellites, la seconde avec l'habillage du fond de carte et la troisième avec le tirage des cartes. 3- Les sources satellites.
La couverture du Tibet traditionnel par les images Landsat de la NASA représente une centaine de clichés. Ils sont d'un coût raisonnable et permettent de créer un fond de carte avec une résolution suffisante. Toutefois cette résolution ( 30m pour un pixel) ne permet pas de situer sur l'image l'emplacement des routes, des villes ou des villages. En ce qui concerne le fait que je n'ai pas utilisé les images du satellite français Spot, il faut signaler que leur résolution supérieure (10m pour un pixel) aurait conduit à acquérir 9 fois plus de clichés, et comme chaque cliché Spot coûte 200 fois le prix d'un cliché Landsat...
4 - Réalisation d'un fond de carte.
Mon premier souci fut donc de rassembler tous les clichés Landsat nécessaires permettant une couverture globale de la région. La NASA fournit un listing avec des indications sur la couverture nuageuse, ce qui incite à ne sélectionner que des images à zéro pour cent de nuage. Toutefois la présence de brume ou de neige sur les images m'a conduit, pour certaines zones, à acheter un nombre d'images beaucoup plus important que prévu initialement.
Les images Landsat, à l'échelle du 1/1.000.000ème, se présentent sous la forme de parallélogrammes de 180km environ de côté. L'image a été scannérisée avec une résolution de 600 pixels par pouce, ce qui conduit à des côtés de 4300 pixels environ. Cette résolution tombera à 120 pixels par pouce à l'échelle de 1/200.000ème, ce qui correspond parfaitement aux performances des imprimantes à jet d'encre actuelles (ne pas confondre ppp et dpi!).
4-1 Problèmes liés à l'assemblage des clichés satellites.
Les corrections effectuées par la NASA sur les clichés sont bien connues et développées dans des ouvrages spécialisés. La NASA spécifie pour ses clichés une résolution et des écarts inférieurs à 1%. Si de tels écarts peuvent sembler minimes, ils restent conséquents quand l'on manipule des images de 4300 pixels de côté. Les images devront être traitées à nouveau avec pour obtenir des écarts compris entre plus et moins 2 pixels en vue de permettre un assemblage correct des images.
La mesure précise des clichés va vite faire apparaître de multiples distorsions. Non seulement l'échelle varie constamment sur toute la surface, mais les côtés sont loin d'être rectilignes. De plus, lorsqu'on essaie d'assembler 4 clichés par un même angle, la somme des quatre angles présente une valeur comprise entre 358,5° et 361,5°.
En résumé les images ne s'assemblent ni 2 par 2, ni 4 par 4.
J'ai recherché une méthode rigoureuse. J'ai sollicité également en vain des conseils. La proposition de l'IGN était simple il suffit de ramener les détails de l'image à des positions connues en longitude et latitude. Cet avis n'est, bien entendu, pas applicable à des régions dont on ne dispose officiellement d'aucun relevé.
table
Pour réaliser cet assemblage, j'ai écarté toute méthode de corrections aléatoires. J'ai donc pris l'initiative d'élaborer une méthode qui, prenant en compte l'ensemble des clichés, par des corrections successives, allait résorber progressivement les défauts.
Remarque importante les écarts entre les courbes sphériques et leur projection sur un plan ont montré que la dispersion est facile à maîtriser même pour couvrir le Tibet, compte tenu de la résolution utilisée pour l'assemblage des clichés et de l'échelle choisie pour les cartes. Ce point n'est donc pas une source de difficulté supplémentaire.
4-1-1 Identification des défauts.
Pour évaluer les corrections à apporter, j'ai opéré de la façon suivante
Chaque cliché a été mesuré avec soin et les valeurs ont été notées.
Les défauts de jointement et angulaires ont été identifiés et portés sur un croquis, représentant l'ensemble des clichés (Fig 4). Il est apparu des écarts de même nature sur 90% des clichés. Les défauts sont multiples l'échelle n'est pas uniforme sur toute la surface de l'image, les détails de l'image en bas et à gauche des clichés sont plus grands que leurs vis-à-vis, les côtés ne sont pas rectilignes, etc. Enfin l'inclinaison du parallélogramme varie d'un cliché à l'autre.
4-1-2 Correction des images
Toutes les corrections apportées au dimensions des clichés ont été soigneusement notées, au pixel près.
L'image a été traitée en deux étapes =
- corrections permettant l'assemblage des images 2 par 2 ;
- correction angulaire des sommets du parallélogramme permettant l'assemblage 4 par 4.
Il va de soit que les corrections sont effectuées de telle sorte qu'elles permettent de réduire progressivement les écarts angulaires à l'assemblage de quatre images.
L'objectif sera d'amener la somme des quatre angles à une valeur comprise entre 359,9 et 360,1 degrés pour permettre l'assemblage correct des clichés. On remarquera au départ que les écarts positifs et négatifs sont assez bien répartis sur l'ensemble, ce qui indique une situation plutôt saine. La méthode que j'ai utilisée est largement empirique mais efficace.
Les corrections une fois effectuées, les clichés sont assemblés par "bloc" de 4 ou 6. Si l'on veut aller au-delà, il est conseillé de diminuer la résolution pour ne pas dépasser 100 Mo par fichier.
C'est alors seulement que nous allons vérifier la concordance de l'image avec les tracés de la Carte Aéronautique Internationale. Si après avoir vérifié que sur près de 1500km en longitude une parfaite coïncidence, il n'en est pas de même lorsqu'on se déplace en latitude. Un défaut angulaire persiste. 4-1-3 Correction de l'inclinaison des clichés.
Après vérification, une erreur angulaire ou d'inclinaison des images de l'ordre de 25/1000 est présente sur l'ensemble de ces cartes. Cette erreur, supérieure aux 1% annoncé par la NASA, a du être corrigée. Nous obtenons ensuite un recoupement parfait des détails avec ceux de la Carte Aéronautique Internationale. 4-2 Corrections apportées à l'échelle chromatique.
4-2-1 La netteté, la luminosité et le contraste de chaque image ont été ensuite corrigés afin que le passage d'un cliché à un autre cliché soit invisible. 4-2-2 Les images satellites montrent un éclairement sud des reliefs, alors que les cartes classiques nous ont habitués à un éclairage par le Nord-Ouest. Le dégradé noir et blanc des images doit être inversé. 4-2-3 Une nouvelle correction s'impose. En effet, certaines zones très humides ou fortement irriguées forment des taches sombres. Il faut donc corriger au cas par cas le fond des vallées. 4-2-4 L'image est enfin convertie en couleur sépia, en vue de donner un meilleur rendu au fond de carte.
4-2-5 Observations concernant le fond de carte.
En ce qui concerne les clichés du Tibet prises par les satellites Landsat, les images sont en général sont bien contrastées. On suivra aisément les massifs montagneux et les vallées qui se succèdent selon les mystères de l'orographie. Ceci va fournir un fond de carte assez riche, où l'on identifiera avec beaucoup de facilité les passages d'une vallée à l'autre, le tracé des routes, des cours d'eau, etc. Toutefois, dans certaines zones au sud-est du Tibet, la neige couvre exagérément certains massifs montagneux et, pour ces régions, le détail des reliefs va manquer et devra être reconstitué manuellement.
5- Habillage du fond de carte adjonction des éléments suivants les rivières, les fleuves, les pistes, les routes et les toponymes

Ces informations, qui doivent être portées manuellement, posent de multiples problèmes.
5.1 En ce qui concerne les rivières, le Tibet présente une succession ininterrompue de vallées ou de vallons si bien que le nombre de cours d'eau potentiels rend tout inventaire impossible. Il sera difficile de savoir si un cours d'eau présente un filet d'eau permanent ou non. J'ai tenu compte des rivières tracées sur les cartes récentes. Le lecteur complétera de lui-même sans problème au vu du relief.
5.2 Les pistes caractérisent des voies empruntées par les caravanes et inaccessibles aux véhicules. Je n'ai gardé sur les cartes que les pistes les plus couramment pratiquées. Toutefois compte tenu de la netteté des reliefs représentés, le lecteur pourra discerner les différentes voies possibles pour passer d'une vallée à une l'autre.
5.3 Pour les routes et ce que j'ai désigné par "routes asphaltées", disons des routes à deux voies et où des bus circulent, il y a beaucoup à dire. Il faut également savoir que les nouvelles routes ont été tracées par les Chinois d'une manière rectiligne entre deux courbes de la vallée, et passent généralement hors des zones cultivées alors que les anciennes routes avaient un tracé plus sinueux, traversant les champs d'orge et tous les villages de la vallée. Pour les routes principales, les erreurs seront rares, mais pour les anciennes, les informations manquent et les anciens tracés ne peuvent pas être considérées comme sûrs. Des engins et les explosifs modernes ont permis de réaliser des routes qui suivent un seul coté de la vallée, ce qui a rendu obsolète les passages à gué et les ponts de cordes, jadis si fréquents.


samplea
6 Les toponymes.
6-1 Localisation des toponymes
L'échelle retenue permet de situer les villages à cent mètres près et pose donc le problème de leur localisation. - pour le voyageur les villages sont souvent dissimulés dans le paysage. Si dans certaines régions du sud-est, les villages s'accrochent aux flancs de collines et se remarquent de loin, au centre et à l'ouest du pays les villages se composent de maisons basses entourées de murs clos en pisé, sans ouverture sur l'extérieur, qui se fondent facilement dans le paysage uniformément brun.
De même la probabilité pour que des villages traversés il y a siècle ou plus existent encore ne peut être garantie.
La notion même de village peut aussi prêter à confusion dans la mesure où il s'agira parfois de quelques habitations à un endroit où la vallée s'élargit ou à l'intersection de deux vallées. Ce On pourra aussi recueillir, pour un même village, suivant les personnes rencontrées et l'époque, des noms différents, ce qui ajoute à la confusion.
De nouvelles villes sont situées soit à côté des anciennes ou placés à l'emplacement d'un village situé à proximité lorsque la vallée est plus large et permet le développement d'une grande ville nouvelle. Les nouvelles préfectures sont affublées du suffixe chinois shen "Xian" et les chefs-lieux de canton du suffixe chu "Qu". Ces nouvelles appellations ne sont pas utilisées localement. Ainsi dans le district de Dingri, les anciennes cités de Shekar Dzong et de Dingri Dzong deviennent respectivement Dingri Xian et Dingri Qu...dans les nouveaux livres. On pourra donc trouver sur la carte des villages qui peuvent être soit en ruine, soit déplacés, soit remplacés par de nouvelles communes et même des doublons. J'ai donc écrit =
- les anciens toponymes de villages supposés disparus en caractère New Roman italique ; - les toponymes des villages encore éxistants en caractère New Roman ; - les toponymes nouveaux (post-59) en caractère Arial avec l'ancien nom entre parenthèses et en caractère New Roman, par exemple = Dingri Xian (Shekar Dz) ; Dingri Qu (Dingri Dz) - les lieux de village/hameau sans nom connu seront identifiés par un sigle.
6-2 Écriture des toponymes.
Ce travail ne serait pas complet si je n'avais pas fourni toutes mes sources d'informations. C'est pourquoi je joins aux cartes un index qui donne les ouvrages et les cartes qui mentionnent ces noms. Le lecteur, s'il dispose d'une certaine connaissance du Tibet, pourra faire lui-même la critique de ces noms. En ce qui concerne les noms en langue tibétaine, j'ai recensé les noms les plus couramment utilisés dans les ouvrages classiques sur le Tibet. D'autre part, il existe cette carte récente comportant des noms tibétains. Sur celle-ci, pour les noms les plus communs, des variantes avec les orthographes antérieures existent, soit par négligence, soit volontairement. Il faut savoir que les Tibétains écrivent sans aucun soin les noms de lieux. Quant aux toponymes nouveaux portés sur cette carte, si certains ont été confirmés par les réfugiés, les autres semblent inconnus. Des noms chinois sont aussi introduits. Il y a, concernant le choix des toponymes, un véritable travail sur le terrain à effectuer pour éclaircir les zones d'ombre et les questions que l'on se pose sur ce sujet.
6-3 Compilation des toponymes
Je réalisé, au début, deux fichiers, l'un pour les toponymes en caractères latins et un pour les toponymes en caractères tibétains. En conséquence, plusieurs séries de cartes sont proposées selon que l'on recherche les toponymes en caractères tibétains, en translittération occidentale (wylie) ou en dénomination occidentale classique. Le problème est que ces cartes ne comprenaient pas le même nombre de toponymes et même des toponymes différents.
Un travail sérieux de mixage des fichiers en caractères tibétain et en latin va être effectué avec l'aide de tibétains et d'enseignants des Langues Orientales afin que les cartes tibétaine et latine contiennent le même nombre de toponymes.
Une première étape a été franchie avec la transcription des caractères tibétains en caractères latins par l'utilisation d'une méthode de transcription phonétique rigoureuse. Ceci a permit de créer un seul fichier.
La seconde étape en cours est la transcription de tous les toponymes en caractères latins vers le tibétain. C'est la plus difficile et celle qui sera sans doute le plus critiquée. De plus ce travail remet en question l'orthographe commune des toponymes tibétains déjà portés sur les cartes.
7- Base de données des toponymes et SIG.

Au delà du problèmes liées à l'orthographe des toponymes, la création d'un fichier des toponymes ou des lieux géographiques tibétains permet d'y lier de nombreuses informations. Ainsi la position en latitude et longitude, l'altitude, le district et/ou la province, une description, des références à des photographies et à des textes. Ces informations sont très recherchées par un certain nombres de touristes et de chercheurs. Dans le cas de lieux-saints, il sera noté également la date de construction, qui a réunit les fonds pour sa construction, l'Église ou la secte, le nombre de collèges, de moines, son état après le passage des gardes rouges, etc...
Toutes ces informations seront précieuses dans le cadre d'un SIG (GIS). Cette phase sera la dernière du projet.


glossary

8- Tirage des cartes.
Les techniques utilisées par les imprimeurs ne peuvent convenir du fait du caractère l'évolutif des cartes. L'utilisation d'imprimantes à jet-d'encre utilisées en informatique va s'avérer indispensable. En effet, les cartes, ne pouvant être considérées comme des produits finis, nécessiteront de nombreux tirages successifs. Initialement, compte tenu de la limitation au format A3+ (33x56cm) des imprimantes grand-public, l'échelle de 1/310.000 a été retenue en vue d'imprimer des cartes de 1x1 degré en longitude et en latitude à un coût raisonnable. Cette échelle est juste satisfaisante pour contenir l'ensemble des toponymes dans les régions du centre du Tibet. Depuis les cartes sont réalisées à l'échelle de 1/250.000.

9- Projets
Un Centre de Cartographie du Tibet est situé dans la région niçoise. Il a pour but de centraliser les informations nécessaires à la réalisation de ces cartes. Le Centre travaille en collaboration avec l'Institut Amnye Machen de Dharamsala et différentes Universités en Europe et aux Etats-Unis. Il a été choisi comme un partenaire privilégié par l'Université de Berkeley dans le cadre du projet multimédia dénommé ECAI (http//ecai.org").
Le travail qui a été fait et qui reste à réaliser est considérable. L'aide de bénévoles est bien sûr recherchée.
Dans un premier temps, son objectif est plus de rassembler les informations et de chercher à les diffuser librement via Internet. Plus de 15.000 fiches de toponymes ont été réalisées ainsi que 81 cartes couvrant la région comprenant le Mt Kailas, Nakchu et Chamdo. Il travaille au rythme d'une carte par mois environ. À chaque carte correspond un index indiquant l'origine des toponymes. La couverture du territoire tibétain nécessitera plus de 150 cartes.
En 1998, un jeu de cartes russes (au 1/500.000 et au 1/150.000) est disponible. Les toponymes sont peu nombreux et inexploitables, mais elles restent utiles pour le tracé de certaines routes et la localisation des villages. Pour la première fois des courbes de niveaux parfaitement dessinées sont disponibles, mais ces cartes ne peuvent se comparer au réalisme et aux détails fournis par le fond de carte satellite réalisé, ce qui est un encouragement pour la poursuite de notre travail.
De nouvelles sources chinoises sont apparues durant la période 2000/2002. Ces cartes ne comprennent que les noms de villages, de "compounds" ou des sites industriels reconnus pour les besoins de l'administration locale. Elles devront être transcrites en caractères latins et tibétains pour être lisibles. Les noms des rivières, des montagnes et des sites religieux y sont absents.
Un effort est également entrepris auprès des réfugiés tibétains pour solliciter le maximum d'informations sur les lieux qu'ils ont fréquentés au Tibet avant et après 1959. De même, des informations sont également recherchées auprès des nombreux jeunes touristes étrangers et des amateurs de trekking qui parcourent chaque été les vallées tibétaines. On peut même parler d'aventures un voyage privé peut, en effet, (comme l'avaient fait les Pandits indiens à la fin du XIXème siècle pour le compte du Survey of India) traverser des régions où un occidental ne s'est jamais aventuré et rapporter une description précise des lieux visités. Il y a même des sujets de thèse plus attrayants et utiles que les sujets généralement traités ici et là. Sur le traces de Sven Hedin par exemple.
Le Centre de Cartographie du Tibet a créé un site web http//www.tibetmap.com en vue de favoriser ces contacts. Sur le site, les cartes peuvent être téléchargées en vue d'être reproduites.

10- Conclusion
La méthodologie utilisée n'est sans doute pas exempte de reproches. En outre, certaines personnes estiment que des cartes du Tibet sont inutiles, d'autres qu'il est préférable de ne rien faire, si l'on n'est pas sûr de ne commettre aucune erreur. Si l'on sait lire une carte, la méthodologie laissera au lecteur la maîtrise de tous les paramètres des informations qui y sont portées. Avec ces cartes, on dispose en effet d'un outil donnant un rendu presque parfait du relief, ce qui est exceptionnel quand il s'agit de régions inaccessibles ou jamais traversés par des Occidentaux. Il apporte donc une aide précieuse à tous ceux qui désireront se déplacer à l'intérieur du pays. Enfin, le fond de carte sera toujours disponible pour les chercheurs et les universitaires qui désireraient s'associer à ce travail, et développer leurs propres cartes.