Pomé - Route coupée
Résumé=Nous visitons le marché et nous repartons. Visite du monastère de Paka avant de regagner la coupure de la route par des éboulements.
Pomé. Lever tard: 9h30. Un petit tour au marché. Olivier cherche à faire de la monnaie. Nous faisons quelques provisions en vue d'une attente indéterminée à la coupure de la route.
Nous quittons Pomé vers midi. En descendant la vallée nous passons Kanam où commence la vallée de Potö et poursuivons jusqu'à un pont qui enjambe le Po tsangpo au lieu dit Paka. Il semble qu'il y ait un petit monastère de l'autre côté du pont. Le Toyota est laissé et le guide nous accompagne.
Nous arrivons à un petit temple Nyingmapa récemment reconstruit où nous sommes reçu par un moine et quelques laïques. Les autres moines sont en déplacement et nous ne pouvons visiter. En montant au premier étage, nous pouvons jeter un coup d'il à l'intérieur. Les peintures sont récentes et celles du vestibule sont remarquablement bien exécutées.
Le moine nous offre du thé tibétain et de la tsampa. Le problème de la route coupée occupe toutes les conversations. Le guide et le chauffeur décident de rejoindre la file, d'attendre et si possible, d'essayer de passer avec les premiers véhicules sous prétexte qu'ils conduisent des touristes étrangers. Le lama nous donne aussi une adresse à Showa dans le cas où nous serions bloqués sur la route. Roulant trop vite, nous manquons l'embranchement de Showa où se trouve une petite chapelle (lhakang) et non un monastère. Il y avait un menda au bord de la route qui indiquait l'endroit où il fallait tourner pour prendre à gauche la petite route qui descend dans le fond de la vallée et où Showa s'étend des deux côtés de la rivière. Nous parcourons encore une vingtaine de kilomètres et nous rejoignons la longue file de camions bloqués.
Le guide part aux informations. A son retour, il décide de repartir et de doubler la cinquantaine de camions et de minibus qui sont là et nous nous plaçons derrière un groupe des 5 ou 6 Toyotas situés en tête du convoi juste devant la barrière. Il est 16h00. Les nouvelles ne sont pas mauvaises car la route pourrait être ouverte à 22h00. Nous remontons à pied la file de camions. Des groupes se sont formés, des petits foyers entre trois pierres où chauffe de l'eau du thé fonctionnent ici ou là. Nous sommes dans les pins, le bois sec ne manque pas.
Nous faisons une excursion côté travaux. La montagne a l'aspect d'un champ d'éboulis qui part du sommet pour aller jusqu'au fond du ravin, dissimulant le tracé de l'ancienne route. La pente est de l'ordre de 45°. D'une part des artificiers font sauter des charges de dynamites qui font dévaler des tonnes de caillasse sur les terres déjà à nu et d'autre part un bull essaie de creuser une nouvelle voie à mi-pente. Malheureusement on sent bien que les masses de terre non stabilisées situées au-dessus du passage qu'on essaie de refaire vont dans quelques jours emporter à nouveau toute la route, la pente au-dessus de la route est plus forte que celle au-dessous. Entre le chantier et la barrière, il y a une dizaine de dortoirs et de bureaux de chantier, une source d'eau et plusieurs groupes électrogènes. Il y a donc ici un chantier permanent et il semble que toutes les mesures précédentes ont conduit à la situation catastrophique qui existe aujourd'hui. Actuellement il n'existe aucun point d'appui solide sur ce versant permettant d'assurer la pérennité de l'ouvrage. Le chantier est en activité de jour comme de nuit, la nuit à la lueur de projecteurs de grande puissance.
En fin d'après midi nous entrons dans une des baraques qui bordent la route à gauche de notre véhicule en vue de consommer une bière. Celle-ci est bâtie sur le vide en prenant appui sur la route et sur le tronc des pins qui poussent en contre bas. Il y a un jeune couple de chinois avec leur fillette qui a environ quinze mois. Pour les soulager je prends l'initiative de la prendre sur les genoux et de jouer avec elle. Elle est docile et reste avec moi. Cela amuse beaucoup les parents. Nous revenons dans la soirée pour dîner en compagnie du guide et du chauffeur. Le départ serait remis à 3 heures du matin. Pendant le repas je reprends l'enfant sur les genoux. Nous sommes bien ennuyés lorsque le soir en les quittant, ils refusent tout paiement. Pourquoi? Parce que l'enfant a eu du plaisir en notre compagnie et donc nous leur avons fait aussi plaisir. Ce geste provenant de gens si démunis et aux conditions de vie si dures montre bien la détermination qu'ils ont à placer les choses du cur au-dessus des problèmes matériels. Nous les quittons et même si nous ne nous devons plus nous rencontrer nous savons que nous garderons toujours une place pour ces gens dans notre cur.
A l'extérieur des groupes se sont formés et devant un feu de bois certains tentent des tours de magie. Un musicien joue plusieurs morceaux de viole puis de flûte chinoise. Un vieux tibétain fait même une démonstration de mise à feu d'un foyer de bûches en utilisant le briquet qu'il porte à la ceinture. Il y a des groupes autour de feux ici ou là autour le la sempiternelle théière mais personne ne chante. Je suppose que tout ces gens sont contrariés car certains sont là depuis plus de deux semaines. Il n'y a ni téléphone, ni portable ! Je me prépare encore le dernier cappuccino de la journée.
Nous nous endormons en position assise dans le véhicule et je ne suis réveillé que par le froid du petit matin vers 6h30. Toute la nuit une pluie fine est tombée ce qui rend encore l'atmosphère vraiment triste. Si cela pouvait aussi aider à stabiliser mieux le sol friable de cet endroit.