Résumé=Je visite le monastère en attendant le retour d'Olivier qui est allé à pied au camp de base 1. Ensuite redescendons sur la petite ville de Dingri.
Ce matin en effet, Olivier se lève tôt et un petit groupe quitte le guesthouse vers 8h30 en direction du camp de base Nord n°1. Ils n'iront pas plus loin, car pour aller au delà, il faut avoir un "pass" spécial.
Personnellement, je me lève un peu plus tard et visite le monastère.
A l'intérieur, un peintre qui réalise de merveilleuses fresques murales et qui va converser pendant un certain temps avec notre guide car il faut avoir une grande connaissance de la vie de ces personnages pour les représenter sans commettre d'erreur. Il faut respecter la pause, les traits, la couleur des vêtements et éventuellement les attributs.
Je note le sourire épanoui du peintre, le geste délicat de ses coups de pinceaux et le désintérêt absolu qu'il doit porter à ses vêtements, car le col de sa chemise blanche est zébré de noir, n'ayant pas vu la moindre trace de savon depuis des lustres. Est-ce vraiment important pour le karma? Les moines m'offrent du thé tibétain et de la tsampa.
Au camp de base n°1 il y a quelques tentes et des constructions sommaires. Mais aller au delà nécessite un autre permis. Une stèle indique que le franchissement de cette ligne est passible d'une amende de 200$. En attendant le retour d'Olivier, je fais la circonvolution (korwa) du monastère en passant à proximité d'une grotte qui surplombe les lieux.
Le ciel est clair et j'ai la chance de pouvoir prendre une photo du sommet de l'Everest dégagé. Même si la vue est un peu moins belle de ce côté-ci que par avion sur la face Sud, la vue que nous en avons reste une des plus belles qu'il soit possible d'admirer sur terre. Le sommet est à 3500m au dessus de nous seulement.
Au retour des marcheurs, nous déjeunons et quittons définitivement cet endroit magique.
Notre chauffeur décide alors de se joindre à 2 autres véhicules qui comme nous doivent se rendre à Dingri. Au lieu de repasser par le col que nous avons franchi la veille, nous coupons au plus court. Mais nous devons traverser à gué la rivière qui descend de Rongphu.
Un camion est stationné à cet endroit pour en marquer l'emplacement. Le courant n'est pas très fort, mais il y a au moins 50cm d'eau, suffisamment pour perdre la vue du fond. Le premier véhicule qui s'y engage coupe tout droit vers l'autre rive et se plante au milieu avec au moins 10 cm d'eau à l'intérieur de l'habitacle. Il est décidé que nous passons ensuite. Notre chauffeur a plus de flair et va suivre un chemin très oblique qui nous permet de passer de justesse sur l'autre rive. En effet c'est à l'examen de la surface, là où le courant semble le plus fort, qu'il y a des hauts fonds et que le gué est praticable.
Le troisième véhicule, suivant notre trace, traverse sans encombre. Nous passons une corde au véhicule qui est resté au milieu de la rivière et parvenons à le tirer vers la rive. Un fait divers se produit alors.
Comme nous nous apprêtions à repartir en groupe et que le troisième véhicule avait asséché son intérieur, un camion bleu des travaux publics se présente et tente un passage en suivant la même route que le Toyota qui s'était planté. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le camion, malgré sa hauteur, s'enlise à son tour et le chauffeur, un chinois, sans montrer son visage, s'assoie sur le toit de la cabine en regardant fixement dans la direction opposée, dans l'attente d'hypothétiques secours.
On note bien ici que les tibétains et les chinois vivent côte à côte en s'ignorant totallement.
Un instant après, une carriole tirée par un âne et un vieux couple de tibétains se présente et, suivant un chemin proche de celui qu'avait suivi notre chauffeur, franchit le fleuve avec seulement de l'eau jusqu'aux genoux. Cet épisode déclenche notre hilarité et nous fait oublier nos problèmes immédiats.
Nous traversons un village et passons un petit col avant de redescendre pour longer à notre gauche une immense plaine qui s'étend entre l'Himalaya et Dingri.
La région est relativement désertique compte tenu de l'altitude, nous sommes aux environs de 4500m.
Nous arrivons à Dingri en soirée et logeons dans un des guesthouses qui se trouvent en bordure Nord de la grand route. Au Sud de la route, quelques maisons, et les terrains occupés par une garnison chinoise.
La ville tibétaine est située derrière, mais personne n'a vraiment plus le courage de s'y rendre. Je fais une courte promenade dans la vieille ville, et après un kilomètre, je tombe sur un lama qui récite en pleine rue des textes religieux. Des tankas ont été déroulées et suspendues sur le mur à côté de lui. Je rentre à l'hôtel. Les chambres sont dans la cour, de plein pied comme souvent, le restaurant est à gauche en entrant dans la cour et en bordure de route. Nous dînons avec nos nouveaux compagnons (nous sommes 3 Toyota). Ils sont originaires d'Indonésie et nous sympathisons.